Le Musée de la machine à écrire - Montmorillon (86)

Montmorillon... Il est possible que ce petit village de Vienne ne vous soit pas familier, mais pourtant. Montmorillon est située sur les bords de la Gartempe, au sud-est de Poitiers, l'une des huit cités du livre de la France. Depuis 2000, des libraires, des bouquinistes et des artisans d'art se sont installés dans son centre médiéval. Cependant, la ville présente également d'autres atouts qui méritent d'être explorés et en font un endroit agréable pour se promener.

Le village possède aussi un musée étrange, dédié... aux machines à écrire, bien sûr! On y trouve donc plus de 200 modèles de machines à écrire et calculer. Quelques-unes ont plus de cent ans, d'autres ont des mécanismes uniques (et pas toujours très pratiques, à y voir de plus près), il y en a même une qui a traversé la moitié du monde depuis Ushuaia. Ce parcours permanent retrace donc plusieurs siècles d'invention et s'intéresse à la fois aux inventeurs et aux usages des usagers. Aujourd'hui, à l'ère des smartphones et des ordinateurs, ces machines semblent très archaïques et il est difficile de s'imaginer devoir les utiliser. Qu'en sera-t-il dans une centaine d'années, nos appareils si modernes sembleront-ils aussi archaïques et très encombrants pour nos descendants ?
Voici quelques photos :

Voici l'assouplisseur des doigts
 
Tout commence par l'année 1714 avec Henry Mill à qui on attribue le premier brevet déposé pour une machine à écrire, décerné par la reine Anne Stuart. Malheureusement, ils n'ont trouvé aucune trace. Suivi en 1833 par des machines sans claviers "dites machines à caractères indépendants". 

La plus belle machine pour moi, est celle qui est en bois. 



Il est impossible de mentionner toutes les marques de ces machines à écrire, mais certaines d'entre elles vous remémoreront peut-être des souvenirs : Hermes, Japy, Olivetti, Olympia, Remington, Underwood...
Vous avez aussi des machines étrangères telles que la machine chinoise de fabrication japonaise, grecque et machine double.


L'exposition est largement consacrée aux machines à calculer. Des bouliers aux bâtons de Neper, en passant par une reproduction de la célèbre Pascaline de 1642 inventée par le multi-talent Blaise Pascal, la Leibniz ou la Colossus. S'appuyant sur la mécanique, la règle à calcul, l'analogique ou simplement l'écrit, une véritable histoire des mathématiques. Tout aussi précis que nos méthodes de calcul.


Musée très très intéressant. Il faut y aller faire un tour. Je n'ai pas tout mis tellement c'est riche. Vous serez surpris de découvrir sur le clavier de machines à écrire anciennes, des signes fréquemment employés de nos jours. 


Article écrit par DJvava





Jean-François Cail, un personnage méconnu et ingénieux

Jean-François Cail est né à Chef-Boutonne le 8 février 1804, mort le 22 mai 1871 à la Faye en Charente. Il était le troisième enfant d'une famille de huit enfants. Sa famille est issue d'un milieu paysan modeste. Son père était sacristain et exerçait le métier de charron.
Les conditions de vie sociale de la famille étaient telles que Jean-François, bien que très talentueux et intelligent, dut quitter l'école à l'âge de 9 ans car son père ne pouvait pas payer son professeur. 
Ne pouvant plus fréquenter l'école, mais trop jeune pour entrer en apprentissage, Jean-François Cail va chercher un moyen de gagner de l'argent pour sa famille. Il invente à l'aide de fer blanc, d'un poinçon et d'un marteau, une râpe à pomme de terre. Il la vend les samedis sur le marché de Chef-Boutonne aux ménagères. Notre jeune débrouillard était bien loin de penser que des années plus tard, il fabriquerait et ferait breveter des râpes à betteraves et produirait de la farine pour sauver les Parisiens de la famine.

Apprenti chaudronnier, il quitte sa ville natale à l'âge de 12 ans contre l'avis de ses parents pour participer à un tour de France. Son tour de France, se terminant à Paris, dure 5 ans et ne comprend que 3 étapes : « Luçon, Niort et Orléans ». L'apprenti travaille et se forme sans relâche, désireux d'apprendre toutes les ficelles du métier.

Il arrive à Paris à l'âge de 20 ans, affublé de son surnom de compagnon « Poitevin », et possède une riche expérience professionnelle qui fait de lui un ouvrier compétent prêt à se lancer dans l'industrie. Un monde émergent qui exige le développement d’hommes comme lui.
Ouvrier, chez Derosne, société spécialisée dans la fabrication des appareils pour le sucre. Très vite remarqué, il devient directeur intéressé dès 1830. C'est le début d'une belle histoire alliant les idées théoriques de Derosne aux dispositions pratiques de Cail, Jean-François supplée le patron lorsqu'il part pour promouvoir leurs productions. Il construit des équipements, mène des expérimentations, participe à la recherche et au développement d'équipements pour sa distillation ou sa production de sucre. En 1936, M. Derosne en fait son associé et fonde la société Derosne-Cail. À la mort de Charles Derosne en 1946, il lui succède. 

L'entreprise va avec succès participer à la fabrication de sucreries de betteraves, comme à Ruffec en Charente, ou à Étrépagny dans l'Eure, mais se lance aussi dans la production de sucre de cannes aux Antilles, fournissant machines et investissant dans les sucreries locales, la société va largement contribuer au développement économique des îles, mettant fin au système de « l'habitation sucrerie », modèle issu de l'esclavage et il fait de la Société Cail le premier fabricant mondial d’appareils pour sucreries.



Au début des années 1840, l'entreprise commence à produire des locomotives en s'appuyant sur son savoir-faire métallurgique, dès les débuts des chemins de fer en France. Il achète une licence pour la locomotive Crampton conçue par l'ingénieur anglais Thomas Russell Crampton, une locomotive déjà très efficace mais que Cail et son équipe entendent améliorer. Elle sera décrite à la fin du XXème comme « le TGV du XIXème siècle », car elle roulait à 120 km/h, dès 1862. Les commandes vont alors affluer.  

L'entreprise compte alors plus de 1 500 employés et il reste seul aux commandes. Installée à Paris, à Chaillot, puis à Grenelle, et devenue la Société J.F Cail & Cie, elle va ouvrir des usines à Bruxelles, Denain, Amsterdam et Saint-Pétersbourg et se diversifier dans les voies ferrées, les ponts métalliques et les machines-outils, devenant un pionnier de la révolution industrielle. Il construira entre autres le pont de fer de Moulins, le pont d'Arcole à Paris ou le palais de l'Exposition universelle de 1867, un pavillon sphérique sur le Champ-de-Mars de 500 mètres de long sur 384 de large, couvrant avec ses annexes 15 hectares de terrain. Il était situé à l'emplacement actuel de la tour Eiffel. 

En 1875, un impressionnant château fut construit, qu'il n'habita pas - sur un domaine de 1635 hectares, qui s'agrandit plus tard jusqu'à 2000 hectares. L'action se poursuit jusqu'en 1949-1949, lorsque des unités familiales détruisent la ferme, ainsi qu'une ferme de 18 000 hectares en Ukraine avec quatre sucreries.

À la tête d'une énorme fortune, il est sensible aux conditions de travail. En 1850, il crée un fonds d'entraide auquel il consacre le dixième des bénéfices de son entreprise. Jean-François Cail s'implique activement dans différents projets visant à améliorer la vie et la vie professionnelle. Il construit ainsi à Paris, 31 immeubles offrant tout le confort pour ses salariés, ainsi que des jardins d'enfants, des écoles et un théâtre, aujourd'hui les Bouffes du Nord.

Locomotive CRAMPTON, sur les Champs-Elysées lors de l'exposition ferroviaire en 2003.




Article écrit par DJvava