Le Château de Régné (79)

Je devais vous parlez du Lavoir du Château de Régné, mais après ma rencontre avec M. le Marquis DE VASSELOT, je vais plutôt vous parler de l’histoire du château et de son village. Je vous emmène pour un voyage.

Quand on arrive aux abords du château, la 1ère chose que l’on voit ce sont les deux tours qui entourent la galerie avec une enceinte qui encercle toute la propriété. Un magnifique porche d’entrée datant du 15ème siècle qui est ornée des armes de la famille Vasselot de Régné.

Je suis accueillie par le Marquis DE VASSELOT, qui me raconte l’histoire de ce lieu, lié à leur famille depuis 1403.  L'héritage familial est source d'une grande fierté, 600 ans, mais il est parfois bien lourd à porter. En nous dirigeant vers le lavoir, M. le Marquis me raconte l’histoire de sa famille.

L’histoire du château se confond avec celle de la famille de Vasselot. « On retrouve la trace du 1er Vasselot à Saint-Maixent en l’an 1322. Ses ancêtres sont venus s’installer dans ce village prénommé « Saint-Maurice de Régné » en 1403 par le testament d’Aymeri Bar. En 1425, il passa chez les Thébaud, trois fois alliés aux Vasselot, il revint à ces derniers par échange avec leurs cousins Thébaud en 1573 et n’a plus quitté la famille depuis.

Au moyen-âge « Régné » signifiait tout le village. Il existait déjà un logis fortifié, et avait pour mission de défendre Saint-Maixent et de surveiller la forêt de l’Hermitain, peu sûre à l’époque avec la présence de nombreux bandits. Ce village avait une église qui a été détruite à la Révolution. Il reste dans le champ un pilier, ancien vestige de l’église. 

Le Village est devenu un hameau de la commune de Souvigné. La famille et la maison ont subi plusieurs grandes épreuves de l’histoire de France. Je ne vous en relate qu’une petite partie. 

  1. Les Guerres de Religion. En effet, les Vasselot ayant choisi le protestantisme et avec la révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV, la famille ainsi que la maison ont subi l’occupation par des cavaliers de l’armée royale. En 1686, l’aîné des Vasselot, est parti vivre à Londres avec sa femme et ses filles, (seul le fils est resté en France après avoir abjuré), ils sont certainement morts en Angleterre vers 1715. Une ancêtre de la famille a même été emprisonnée à la Bastille à Paris pour avoir défendu sa foi.  Une anecdote : M. LE TELLIER (LOUVOIS), Ministre de Louis XIV avait dit sèchement en parlant de Mme De Régné « Il faut que cette dame qui est la Bastille prenne garde de sortir de là plus courte qu’elle n’y est entrée ». Elle y passa trois années et fut libérée à condition de quitter le pays. M. le Marquis, me montre un magnifique pin parasol qui se trouve dans le pré avant que l’on arrive à Régné. Partie non récupérée par la famille. Sous cet arbre, se trouvent les tombes protestantes des familles.
  - Pierre de Vasselot, premier protestant de la famille, fît ajouter au 16ème siècle les 2 pavillon pendant les Guerres de religion. Ils ont une fonction défensive, pour pouvoir améliorer la défense de la maison en augmentant les angles de tir à partir des meurtrières.

 2. Et la Révolution. Jean-Gabriel de Vasselot, propriétaire de Régné, quitta la France en 1792 pour rejoindre l’Armée des Émigrés, laissant sa femme Louise a Régné. Le Château fut vendu comme bien national. Il a été pillé et le toit et les boiseries furent brûlées. Sa femme Louise emprisonnée, puis libérée, racheta le Logis de Régné et la ferme du Portail dont elle assurait seule l’exploitation. Son mari rentra d’émigration en 1802. La propriété fut reconstituée, à l’exception de la plus grande ferme, qui reste depuis séparée par un mur que l’on voit de la route. 

M. Le Marquis me raconte pleins d’anecdote tout en me montrant le lavoir, entièrement restauré, le pigeonnier, la chapelle avec son magnifique vitrail qui provient des anciennes piscines de Lourdes. Elles ont été donné à sa grande-tante, qui était responsable bénévole de l’accueil des piscines. J’ai pu voir qu’une partie des communs avec ses deux fours (à pain et à pâtisserie), et les deux « ponnes » où se faisait la lessive. En patois poitevin, cette grosse lessive s’appelle « la bugeaille ». J’ai pu voir également l’atelier de petite menuiserie dont la voûte subsiste en partie, mais dont l’accès est condamné en raison du danger, la grange, les écuries qui sont également voûtées et le magnifique porche d’entrée, où l’on distingue un petit escalier en pierre. Celui-ci permettait aux dames de se hisser à cheval.

Le lavoir vient d’être refait par M. le Marquis. Admirer la magnifique poutre. C’était le lavoir de tout le village. 

En 1722, madame de Vasselot, née Charlotte Prévost de Touchimbert, veuve de Gabriel de Vasselot, entreprit la refonte de la façade nord où l’on voit des traces de reprise. Elle fit certainement pratiquer des ouvertures sur le jardin et probablement créa le jardin. Il est vraisemblable qu’elle fit combler des douves qui longeaient cette façade et couraient à l’est, entre les deux pavillons. Elle laissa son nom et la date, 1722, sur un linteau de pierre de la terrasse.


Voici la chapelle qui est toujours utilisée pour des messes et des célébrations familiales, et le fameux vitrail qui a été donné à la grande-tante en 1955. Dans cette chapelle, vous y voyez le casque de son grand-père, qui a un joli petit trou. Cette balle aurait pu le tuer à quelques millimètres près



Gaston de Vasselot effectuait une reconnaissance à cheval avec son peloton, quand il fut grièvement blessé à la tête par une balle ennemie. Son grand-père l’y a déposé en « ex-Voto » de remerciement à la Vierge dans cette chapelle.


J’y ai vu également une superbe Piéta Médiévale, qui provient de la Creuse. Sa famille a aussi vécu près de La Souterraine. À l’origine, il y avait de la couleur. Avant d’être mise dans la chapelle, elle était dehors. Les couleurs se sont effacées avec le temps. (Les pluies, la lune, et le soleil).

Voici les deux ponnes où se faisait la lessive.

En 1794, un incendie détruit la toiture. Un dessin de 1840 et quelques photos de 1890 montrent un toit en tuiles à faible pente dont sortent, au second étage, des encadrements de fenêtres en pierre, mais qui font supposer l’existence avant cet incendie, d’un étage mansardé. Cet étage fut rétabli par Lafarge. 

Au début du 19ème siècle, l’intérieur du château fut totalement remanié par M. Lafarge, l’architecte. Ici on voit la galerie vitrée qui a été rajoutée entre les deux pavillons. La galerie est très agréable. Vue de l’intérieur.

Devant se trouve un fossé appelé « Le saut du Loup ». Le dernier loup pris à la chasse en France avant sa réintégration, l’a été près de Poitiers en 1920.



On distingue deux pavillons quadrangulaires accolés au corps de logis. Leur date de construction a été déterminée par un sac contenant des pièces de monnaie qui était cloué, à l’effigie de Sully, le 1er ministre d’Henri IV, sur une des pièces de la charpente.

 




Le pigeonnier ou La Fuie (Privilège seigneurial aboli à la Révolution).


Le pigeonnier est haut d’environ 7 m pour les murs, et de 5 m pour la toiture. Il est enterré d’environ 1 m. Le pigeonnier a été restaurée en 1990 par le père de M. le Marquis, Armand de VASSELOT. La porte se situe au ras du sol, il faut prendre les escaliers pour descendre. 



Rendu à l’intérieur, on distingue bien l’épaisseur des murs, environ 1,90 m. Il comporte toujours son échelle verticale, suspendue à des potences fixées sur un mât central pivotant sur sa base, permettant l’accès aux nids. On voit les alvéoles appelées « boulins » qui font 40 cm de profondeur. Ces alvéoles sont nettement moins épaisses que les murs. Ce qui est très supérieur à la nécessité. M. le Marquis, me montre les corniches qui sont en saillies. Il me précise que cela empêchait les rats de grimper le long des murs pour pénétrer dans les boulins. M. de Vasselot me dit qu’il est probable que ce bâtiment ait été d’abord une tour de défense avant d’être un pigeonnier. M. le Marquis me précise aussi que le nombre d’alvéoles était fonction de la taille des terres d’un château. En effet, ce nombre était limité car il convenait que les pigeons n’aillent pas voler les semences d’un voisin. À petite propriété, petit nombre d’alvéoles, et l’inverse.



Voici les armes de la famille Vasselot de Régné sur le porche de la propriété. Un casque et des lambrequins.
Elle date probablement du 16ème siècle.

Ces armes n’ont pas été détruites à la révolution, car un paysan de Régné les avait recouvertes de plâtre pour les cacher et les protéger.

La famille conserve fidèlement le souvenir de cet homme nommé SABOURIN.

L’empreinte de la famille DE VASSELOT est liée au village depuis 1400. Il ne faut pas oublier Odile de Vasselot, qui a 99 ans aujourd’hui. En entendant le 18 juin 1940 à la radio, l’Appel du Général de Gaulle, elle s’engagea dans la Résistance (Réseau Comète) jusqu’à la fin de guerre. Elle avait alors 18 ans. Elle était chargée d’aider les pilotes alliés abattus à rejoindre l’Angleterre. Odile de Vasselot avait pour pseudonyme « Danièle » puis « Jeanne ». La cour de Régné était pleine de réfugiés qui ont été accueillis. Elle est fondatrice et première directrice du lycée Ste-Marie d’Abidjan (1959). Plus tard, elle sera sollicitée pour témoigner de son expérience de résistante. Elle donne de nombreuses conférences, et notamment dans des écoles. Elle a écrit ses mémoires de guerre. Elle a été décorée de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre, et de la médaille de la Résistance française.

-          Tombés du Ciel (histoire d’une ligne d’évasion)

-          Sous l’occupation (j’avais 20 ans …)


https://youtu.be/2jhv_QXW_0w  (petite partie d’une Conférence avec Odile de Vasselot)

M. le Marquis se fera un plaisir à vous faire visiter l’extérieur du château pendant les journées du patrimoine en vous racontant l’histoire de la famille. Allez-y, vous allez passer un moment très agréable. Vous prendrez plaisir comme moi, à entendre parler de sa famille, du château et de toutes ses petites anecdotes.            


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