Un ami qui m'est très cher, m'a parlé d'un homme, un pasteur, qui serait mort dans la commune, lieu dit « Bois-Pineau » de Souvigné (Deux-Sèvres) en 1995. Il repose dans le cimetière. Cette personne s'appelle Marc JOSPIN, né en 1900 à Montredon-Labessonnié.
Je me suis empressée de taper son nom, et voilà ce que j’ai découvert. Effectivement, c'est un homme d'exception. Comme beaucoup d'autres pasteurs des Deux-Sèvres qui contribuèrent à sauver des réfugiés venus se refaire une santé à la campagne. Venus d'ailleurs, leur refuge est orchestré par des mouvements de résistance et des organisations mises sur pied dans les milieux protestants, par les pasteurs : Pierre Fouchier*, qui prit une part active dans le réseau de sauvetage protestant des Juifs dont l’activité principale se situait à Bordeaux, Marc Jospin, Yann Roullet, Cramer, Casalis, Théodore Riebel, Durand qui les aident à franchir la ligne de démarcation, Auguste Encrevé, Franck Hervé, etc. qui ont su alerter leurs paroissiens, susciter un mouvement de solidarité et organiser l’hébergement au cœur de la population melloise ou du bocage.
Je vous relate donc celle du pasteur JOSPIN.
Marc JOSPIN, est le fils du pasteur de Vitré. Après des études à Saint-Nazaire et à Nantes, il servira d'interprète auprès des américains qui débarquent à Saint-Nazaire. EOR (Elève Officier de Réserve) à Saint-Maixent, il renonce à sa carrière militaire en 1922. Il intègre la faculté de théologie protestante de Paris. En 1925, il est nommé pasteur à Souvigné, puis de Vitré.
De 1937 à 1939, il est pasteur au Pays-Bas. L'invasion de la Pologne en 39 par Hitler déclenche à la Seconde Guerre Mondiale. Le capitaine de réserve est mobilisé en France, et prend part à « la drôle de guerre ». Là va commencer sa vie de résistant.
Marc Jospin va vivre les cinq années sombres de l'occupation, en « multipliant les activités et se dévouant corps et âme » à sauver des hommes, des enfants et des familles pourchassés et persécutés. « Il sauve ainsi 48 enfants juifs envoyés par la Cimade*, qu'il a recueillis au presbytère, avant de les confier à des familles protestantes sûres de la région ». Il aide également les réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO).
Il contribue à nourrir les effectifs des maquis. Marc Jospin résiste également par écrit sous le pseudonyme du
« Capitaine Montredon
»
Il est rédacteur en chef du journal de Lezay " La Fraternité " (qui deviendra " La Concorde " après la libération). Il y signe de nombreux articles où, sous couvert de religion, il s'en prend aux gouvernants de Vichy.
Fin 1945, le résistant repart aux Pays-Bas, à Haarlem, puis à la Haye. La « reine Wilhelmine », elle-même résistante, a eu vent de l'attitude courageuse du pasteur, et l'a fait venir auprès d'elle, le nomme « Chapelain de la reine » en 1947. Distinction suprême, qu'il conservera auprès de la princesse Juliana.
Après la mort de sa femme, et au terme d'une longue vie d'engagement, il revient dans son cher Poitou à Bois-Pineau, qui sera son havre de paix pendant 19 ans.
Cimade : Comité inter-mouvements auprès des évacués
C'est à Lezay qu'étaient imprimés les faux formulaires vierges réalisés dans les papiers adéquats par l'imprimeur Monsieur Chopin qui se donnait la peine de rechercher la qualité exacte du papier et prenait les plus grands soins pour faire, en quantités, des documents parfaitement conformes.
Et celle du Pasteur Pierre FOUCHIER, né à Bordeaux le 19 mai 1911, protestant, milite dans les œuvres protestantes.
En 1930, il part faire son service civil au Liban où il est éducateur de rue.
Rentré en France en 1931, il étudie à la faculté de théologie protestante de Paris et devient pasteur en 1935.
En 1935, il est nommé à Strasbourg, au Temple Saint-Paul, auprès du pasteur Marc Boegner.
En 1938, il est nommé à la paroisse de Lezay (Deux-Sèvres).
En 1939, après la déclaration de guerre, il est mobilisé et fait prisonnier au cours de l'hiver, durant la "drôle de guerre". Il est envoyé dans un stalag. Depuis son départ, sa femme, le remplace dans cette fonction à Lezay.
En 1940, après un an de captivité, Pierre Fouchier, malade, est rapatrié et rentre à Lezay où il reprend son ministère.
En 1942, il s'engage dans le réseau résistant « réseau F2 » (Réseau des résistants Polonais de renseignements depuis l'Angleterre).
Le 30 octobre 2001, l'institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné au pasteur Pierre Fouchier le titre de «
Juste parmi les Nations. »