Les Égouts de Paris (75)

Les Égouts de Paris 


Le musée des Égouts de Paris est situé sous l'esplanade Habib-Bourguiba, face au n° 93 quai d'Orsay, au niveau du pont de l'Alma, dans le 7ème arrondissement de Paris. C’est une sorte de ville sous la ville, où l’on se repère aux plaques de rues positionnées aux angles de chaque galerie, exactement comme en surface. 

Ils font près de 2600 kilomètres et constituent l’ensemble des conduits souterrains destinés à collecter et à évacuer les eaux produites par les différentes activités humaines, ainsi que les eaux de ruissellement découlant des pluies. 
Il y est même indiqué par endroits les numéros d’immeuble, ce qui permet aux 274 égoutiers ou chefs égoutiers qui y travaillent d’intervenir facilement en cas de problèmes de canalisation. 

Quand on parle des égouts, on pense immédiatement aux eaux souillées provenant de nos toilettes et nos éviers. Mais le rôle du réseau ne s’arrête pas là. En plus de collecter 285 millions de km3 d’eaux usées par an, il collecte et transporte les eaux de pluie, qui serviront à nettoyer les rues, les égouts eux-mêmes et à arroser les espaces verts de la capitale. Plus étonnant encore, on y trouve des câbles de télécommunication publics et privés, ainsi qu’un réseau de distribution d’eau glacée utilisée pour climatiser les immeubles. 

En entrant dans le souterrain, on découvre notamment un espace multimédia à disposition qui nous montre l’évolution du métier d’égoutier au fil des époques. On remarque qu’autrefois, les égoutiers étaient beaucoup moins équipés qu’aujourd’hui. Ils n’avaient ni gants, ni casques, ni bottes. “Les égoutiers prenaient des risques. C’est l’époque qui voulait ça”. Heureusement, les gants et les casques apparaissent dans les années 1960. Les masques quant à eux, apparaissent dans les années 2000 avec le COVID.

Paris a déjà été victime d’inondations importantes. Alors au fil du temps, le réseau des égouts de la capitale a appris à se parer contre la montée des eaux. Pour ce faire, des « déversoirs d’orages » ont été installés. En cas de pluies importantes, ces galeries reliant les égouts à la Seine permettent de rejeter l’excédent d’eau directement dans le fleuve. Si celui-ci est en crue, un système de pompes des usines « de crue », situé en bord de Seine, prend la relève, afin que l’évacuation puisse tout de même avoir lieu.

La visite se poursuit. Le bruit de l’eau des égouts retentit lorsque l’on se trouve en face du wagon-bi-boules. Un engin utilisé autrefois par les égoutiers. Celui-ci n’est plus en service depuis 2005. Il servait à dégager les sables accumulés au fond des collecteurs d’une largeur inférieure à 2,20 mètres. On avance ensuite vers la galerie où sont exposées la plupart des machines hors service. Parmi celles-ci, la boule de curage et les mitrailleuses, des outils qui doivent leur existence à l’ingénieur-star du réseau d’égout parisien, Eugène Belgrand (1810-1878). Figure majeure du XIXe siècle à Paris, c’est lui qui dirige les Eaux et Égouts de Paris à partir de 1867. Parmi ses nombreuses réalisations, il y construit un ensemble de galeries souterraines, dont des collecteurs gravitaires, faciles d’accès qui accueillent d’autres réseaux.
















Les boules de curage autrefois utilisées par les égoutiers






















Les mitrailleuses, engin de curage. La mitrailleuse était manœuvrée par un égoutier. Elle fonctionnait comme un barrage avec un clapet à son pied. Celui-ci laissait passer un fort courant qui poussait les matières. Elle doit son nom au bruit pétaradant des cailloux et des morceaux de fonte qui frappaient son caisson et son fonctionnement par saccades. Fin de mise en service en 1990. 
La pompe de relevage des eaux était installée dans un point bas du réseau, prête à être manœuvrée pour réintroduire l’eau dans une partie plus haute en cas de crue. Désormais, ce rôle de protection est dévolu à l’usine de crue. Au nombre de 9 à Paris, elles remplacent les déversoirs lorsque ces derniers sont fermés pour protéger le réseau et la ville contre la crue. 
Les eaux usées et pluviales des 7ème et 15ème arrondissement passent en grande partie par le site de Alma avant d’être dirigées vers la rive droite dans le collecteur de Marceau ou vers l’émissaire Sud, ouvrage plus récent menant à la station d’épuration Seine Aval.

GAASPAR : Gestion Automatisée de l’Assainissement Parisien gère en temps réel les déversements et le stockage des eaux pluviales, évolue pour permettre une gestion anticipative en fonction des événements météorologiques et l’état du réseau.


















Le réservoir de chasse (photo de droite) est positionné en tête d’un égout élémentaire. Il permet de stocker une importante quantité d’eau propre non potable. Une ou deux fois par jour, l’ouverture se produit de façon automatique. L’eau s’échappe brutalement, chasse et entraîne les détritus, nettoyant ainsi le petit canal formant le fond d’un collecteur d’égout. Les réservoirs de chasse constituent une méthode courante et efficace de lavage des petites galeries.

Vous avez la station de mesure qui relève et synthétise l’état du fleuve selon cinq paramètres : sa teneur en ammonium, en oxygène dissous, son pH ou potentiel hydrogène, sa température et sa conductivité. Pour en savoir plus aller la visiter. Vous avez environ 1 heure 45 de visite. C’est très très intéressant.

Un petit peu d’Histoire : Les premiers égouts construits, durant la période romaine, à Lutèce ont disparu et furent longtemps oubliés. Des vestiges ont été découverts sous les thermes de Cluny lors du percement du boulevard Saint-Michel dans les années 1850. « Oubliés » au fil de l'histoire, ces égouts antiques laissent place au Moyen Âge à une version à ciel ouvert. Vers 1200, Philippe Auguste fait paver les principales rues de Paris avec en leur milieu une rigole d'écoulement. Les rues de Paris sont alors un véritable cloaque dont les eaux stagnantes dégagent des puanteurs. À compter du XIVème siècle apparaissent des égouts à fossés. 

Égout des thermes de Cluny


Hugues AUBRIOT, prévôt de Paris en 1370, est à l’origine du premier égout vouté situé Rue Montmartre, jusqu’à nos jours. 

Mais c'est la grande épidémie de choléra en 1832 joue un rôle de déclencheur. Pour la première fois depuis la période romaine, la ville de Paris entreprend une grande opération d'assainissement. Les égouts sont encore fort peu nombreux au début du XIXème siècle : moins de 50 kilomètres (pour plus de 2 000 à la fin du XXème). Ils sont mal connus de l'administration de l'époque qui n'en possède pas les plans. 

L'inspecteur des travaux de la ville de Paris Pierre Emmanuel BRUNESEAU (1751-1819) entreprit d'ailleurs d'en établir la cartographie tout en tentant d'en réaliser le curage.
Plan des égouts de Paris en 1836


Eugène BELGRAND, ingénieur du XIXème siècle, est à l’origine de l’actuel réseau d’égouts. C’est sous l'impulsion du préfet Haussmann, en adéquation avec les théories hygiénistes, qu’il entreprend à partir de 1854 le vaste chantier d'assainissement dont est issu le réseau d'égouts actuel. Des collecteurs sont installés sous les artères nouvellement percées. 

La Bièvre qui servait d’égout principal des quartiers à l'est de la rive gauche jusqu'au milieu du XIXème siècle est également détournée dans des grands collecteurs. 

Les immeubles sont contraints par un arrêté d'Eugène POUBELLE en 1894, de déverser leurs eaux usées ménagères et les excréments dans le réseau des égouts : c'est le tout-à-l'égout qui supprime les fosses avec leurs vidanges périodiques et les voiries insalubres. 

Les égouts eux-mêmes ne se déversent plus dans Paris, mais en aval, à Clichy. Pour y parvenir, les réseaux de la rive gauche se rejoignent au pont de l'Alma, où ils passent sous la Seine par un siphon. 

Visites mondaines des souterrains 
« À l’occasion de l’exposition universelle de 1867, sous le Second Empire. Des visites des égouts sont organisées deux fois par mois, entre Pâques et octobre, par l’administration et dure près 1 heure. Durant la 1ère partie du trajet, les femmes prennent place sur un bateau, les hommes les suivent à pied, ensuite tous s’installent dans un wagon-vanne muni de sièges confortables, poussé par quatre égoutiers en tenue blanche. Départ des collecteurs Sébastopol et Rivoli et celui d’Asnières. » 

Eugène BELGRAND dit en 1892 : « les demandes de visites des égouts prient bientôt des proportions si considérables, que je dû faire organiser de véritables trains dans les collecteurs. Les wagons-vannes servant au curage ordinaire des égouts se prêtaient mal à recevoir des visiteurs. Je fis alors construire neuf petits wagonnets spéciaux, d’un modèle élégant et munis de banquette suffisantes pour pouvoir contenir chacun dix personnes ».





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