Eglise de Sainte Radegonde à Poitiers (86)

La vallée du Clain abrite l'église Sainte Radegonde, qui se situe en contrebas de la cathédrale. Moins ostentatoire que Notre Dame la Grande, elle conserve néanmoins sa signification par le fait qu'elle renferme le sépulcre de Radegonde, conjointe de Clothaire Ier, roi des Francs. Cette église, qui est un site de pèlerinage, dispose d'un chevet et d'un clocher-porche de style roman réunis par une nef de style gothique.
Le Clocher porche
Le Chevet
Le Clocher porche



Initialement érigée au VIe siècle sous le nom de Sainte-Marie-hors-les-murs grâce à Sainte Radegonde de Poitiers, elle a été reconstruite au XIe siècle. L'édifice, cité au VIe siècle, était utilisé comme tombeau pour les religieuses de l'abbaye. À cette période, elle est désignée sous le titre de la Vierge et est connue sous le nom de « Sainte-Marie-hors-les-murs ». Elle a été érigée en dehors des fortifications pour des raisons liées à son usage funéraire. En effet, la muraille gallo-romaine, édifiée à la fin des IIIème et début des IVème siècles, se situait entre cette église et la cathédrale Saint-Pierre. Au cours de l'époque mérovingienne, il était d'usage romain d'effectuer des enterrements hors des murs pour causes sanitaires.

On observe en premier lieu le clocher-porche datant du XIème siècle. Cette tour de 33 mètres possède une fondation carrée répartie sur trois niveaux, avant de culminer avec un étage octogonal servant de campanile. Une corniche à modillons figurés sert de séparation entre les niveaux. Les baies en plein cintre (doublées au dernier niveau) sont encadrées, aux deux derniers niveaux, par des colonnes dotées de chapiteaux feuillus. Au cours du XVe siècle, un superbe portail sculpté de style gothique flamboyant fut ajouté au porche. L'ensemble est précédé d'un des rares parvis de justice encore existant, espace où le chapitre exerçait son autorité et où l'on peut encore observer les bancs et la chaire du juge. 




On accède à l'église par le clocher-porche. Deux bas-reliefs romains représentant le Christ et Ste-Radegonde, issus de l'ancienne façade, sont situés de chaque côté de l'entrée. Il y a une grande différence entre le clocher-porche de style roman et la nef de style gothique : les architectes n'ont pas tenté d'harmoniser les deux, car la partie romane devait être démolie et substituée. La nef unique, sans transept ni collatéraux, est divisée en quatre travées qui s'élèvent sur deux niveaux et est ornée de voûtes bombées à la manière Plantagenêt, tout comme la cathédrale. Une corniche décorée de modillons sépare les deux niveaux. Trois arcades à colonnes et chapiteaux feuillus ou historiés ponctuent chaque travée. Les vitraux du niveau supérieur datent du XIIIème siècle et XIVème siècle. 


La crypte
La petite salle funéraire est accessible par un escalier qui date du XIXe siècle. Il a remplacé deux petits escaliers latéraux. La salle est contournée par un déambulatoire à trois chapelles. Les parois de l'escalier sont ornés d'ex-voto. On trouve parmi ceux-ci, un ex-voto en latin donné par Anne d'Autriche : en 1649, alors qu'elle était régente du royaume de France, elle a rejoint la confrérie de la sainte établie six ans auparavant. En 1651, elle s'est rendue sur la tombe de la sainte pour prier en vue de la guérison de Louis XIV. Les dépouilles des compagnes et disciples de Sainte Radegonde, telles que Sainte Agnès, abbesse de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers, et Sainte Disciole, reposent dans les chapelles latérales.

Sainte-Agnès-de-Poitiers (VIème siècle)
Elle fut la première abbesse de la plus ancienne abbaye de femmes, l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers, fondée par Sainte Radegonde, qu’elle plaça sous la règle de saint Césaire. Agnès grandit à la cour où elle bénéficia de l’éducation de la reine Radegonde. Consacrée par l’évêque Germain de Paris, elle suivit Radegonde dans l’abbaye que cette dernière avait fondée. Elle serait morte martyr avec l’une de ses religieuses, sainte Disciole : cette dernière serait morte en 583, peu avant sainte Radegonde. Elle fut la première sainte de l’Abbaye Sainte-Croix. Son tombeau se trouve dans la crypte.
Retrouvons le niveau de l'église : Le chevet bénéficie de la lumière provenant des ouvertures du déambulatoire et de son abside supérieure, qui sont d'environ cinquante ans plus récentes. Dans les plus anciennes églises romanes de Poitiers, on n'a pas osé éclairer directement le cœur du sanctuaire. La méthode a été instaurée à Saint-Savin et ici après l'an 1050. Il était nécessaire pour les chanoines d'avoir une bonne lumière pour lire dans le chœur.
L'élévation du centre de ce chœur offre une vue rapprochée des magnifiques chapiteaux et facilite l'appréciation du travail exécuté par les sculpteurs.
Au XIIIème siècle, le chœur fut orné de peintures consacrées à Sainte Radegonde. Celles-ci furent découvertes en 1836. 
Sur la voûte, on distingue un Christ glorieux entouré d'une cité céleste où se trouvent la Vierge avec l'Enfant et des saints. La Vierge occupe une position privilégiée au fond de l'abside, tout comme à Notre-Dame-la-Grande. Il convient peut-être de souligner que cette église était initialement dédiée à la Vierge. Marie étant à droite, en l'honneur de la fondatrice du site, on aperçoit Sainte Radegonde. Ensuite viennent les moniales Agnès et Disciole ; tandis que Fortunat, Grégoire de Tours et Médard de Noyon se tiennent du côté opposé. Ces différents saints sont associés à l'histoire de Radegonde, ils constituent sa « famille » spirituelle.




RADEGONDE (ca 520-587) : princesse thuringienne, elle est devenue reine des Francs en se mariant avec Clotaire Ier, le fils du roi Clovis. Face à son humilité remarquable et sa dévotion, elle a fui la cour royale pour s'établir à Poitiers. C'est là qu’elle créa l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers, dont elle devint une simple religieuse. Les églises catholique et orthodoxe la considèrent comme une sainte, et elle est célébrée le 13 août. Elle est la sainte patronne de Poitiers  sainte vénérée à travers toute la province. 

Ses obsèques ont eu lieu en présence de la grâce de Tours. Au cours des invasions normandes, son cadavre fut transféré à l'abbaye Saint-Benoît de Quinçay avant d'être renvoyée à Poitiers en 868. On lui attribue plusieurs miracles, en particulier des guérisons miraculeuses, ce qui séduit un grand nombre de pèlerins. Elle fut proclamée sainte peu après son décès. Elle est parmi les rares saints qui n'ont pas été canonisés par le Saint-Siège, mais plutôt par le culte public. En 1412, le duc de Berry inaugura son tombeau et découvre le cadavre de Radegonde tel qu'il fut enterré 820 ans auparavant. Il souhaitait détruire sa tête afin de la conduire jusqu'à la sainte chapelle de Bourges. Face à la colère des collaborateurs qui le soutenaient, il renonça à ce projet et se satisfaisait de son anneau nuptial.




Article écrit par DJvava



Le Monastère des Bénédictines de Prailles (79)

Monastère Des Bénédictines (Lieu-dit Pié-foulard)

Reconstruit en 1773, cet ancien logis huguenot, sera transformé en ferme au XIXème siècle. En 1999, la propriété est transformée en monastère après des travaux d'aménagement et d'extension. Les nouvelles constructions sont accolées aux anciennes dans un ensemble harmonieux.


L’histoire de notre monastère

Fondée à Poitiers au Plan du Calvaire, près de Blossac, dans le quartier Saint-Hilaire par Madame d'Orléans le 25 octobre 1617, la congrégation va s'appeler "les bénédictines de Notre-Dame-du-Calvaire" qui sera le premier monastère issue d'une réforme de l'ordre de Fontevrault menée par Madame d'Orléans, feuillantine, et le père Joseph du Tremblay, capucin. Après la révolution, elle se rassemble dans des bâtiments situés derrière le marché de Notre-Dame-la-Grande, rue Riffault. Elle est reconnue par le Pape Louis XIII. Elle meurt épuisée 6 mois après la fondation, le 25 avril 1618. 
Les monastères s'implantent à Paris. Le père Joseph du Tremblay veille sur la jeune Congrégation. Il travaille aussi à la reconquête du Poitou. 
"La Croix de Vie"
Elle est entrelacée d'une vigne symbolisant La Résurrection et donc la Vie. 
"La laque de l'Annonciation"
                           
La communauté quitte ces espaces étroits et bruyants en 1962 pour s'installer à Saint-Julien-l'Ars, entre Poitiers et Chauvigny. En 1996, la communauté, après une réflexion en congrégation, part vers un territoire plus abandonné du diocèse, le Pays Mellois, très marqué par les conflits religieux. En 1999, elle déménage dans le petit domaine rural huguenot, au lieu-dit Pié-Foulard, qui était idéal pour une installation monastique discrète et respectueuse de la nature.


La peinture sur verre existe depuis l'époque romaine et dans de nombreux pays d'Europe Centrale, mais aussi en Chine, Sénégal... Ce qui constitue la particularité de cette technique, c'est que l'on applique des couches de couleurs à l'inverse de la peinture habituelle, sur une des faces de la plaque qui devient le "dos" de la peinture, l'autre côté étant la "face" qui permet la transparence. 
  
Le verre est ainsi, à la fois, le support et la couche protectrice de la peinture.

La peinture icône sur verre un art populaire paysan traditionnel apparu en Bohême et en Transylvanie au XVIIIème et XIXème siècle. Il s'est développé notamment grâce à l'apparition de nombreuses verreries et s'inspire très librement  des icônes byzantines orthodoxes.  
 

Signification de Pié-foulard
Pié-foulard est situé sur la commune de Prailles dans le bocage Huguenot du Moyen-Poitou région passée presque totalement à la réforme. 
Pié-foulard : "Puifoullard" en 1540, "Peux-Foulard" en 1587 vient du latin podium, "lieu élevé" et foulard "petit arpent de terre". Le logis Huguenot de Pié-Foulard appartenait à la fin du XVIIème siècle à une personnalité protestante, Jacques CHALMOT, ami d'Henri IV, conseiller au parlement de Paris, député à la Rochelle en 1588, de Nantes en 1593, et secrétaire de synode de Saumur en 1596. Il fut nommer par le roi, ambassadeur de France en Suède, en 1601. Après la révocation de l'édit de Nantes en 1685, la famille émigra en Allemagne et en Hollande. 
Le logis fut reconstruit en 1773 par une famille d'AUZY qui le tenait des CHALMOT par mariage. Les d'AUZY professaient en secret la religion protestante. Dans le jardin des pierres tombales du cimetière Huguenot de leur famille gardent le souvenir de cette période : "La repose le corps de dame Julie Grellier, femme de messire d'AUZY des Granges, seigneur de Pié-Foulard, âgée de 55 ans, décédée en 1752. Passants qui lisez ceci, souvenez-vous qu'il faut mourir pour vivre". 
Dans réduit Huguenot, entre Saint-Maixent, Thorigné et Melle, se tirent de nombreuses "assemblées  du désert". Les temples furent détruits, le culte interdit, les protestants commencèrent alors à s'assembler clandestinement dans des lieux reculés et peu accessible aux dragons du roi. De terribles répressions eurent lieu. La ferme du Grand'Ry située à 2 kms du Pié-Foulard, en porte le témoignage.

Quelques particularités de notre monastère

Dans le contexte du Pays Mellois, le problème de l'unité des chrétiens, très présent dès les débuts de la congrégation, prend une nouvelle dimension. Il s'inscrit dans le projet monastique de la nouvelle implantation, donc il n'y aura ni clocher ni cloches pour résonner dans la campagne et susciter une mémoire toujours vive. La construction d'une église n'était pas envisageable dans le contexte de Prailles et des cinq villages environnants, Aigonnay, Thorigné, La Couarde, Beaussais et Vitré, qui ne possèdent pas d’église catholique, fait rare en France !
L'année commence le 31 décembre avec un livre de la Bible lu en entier et chaque année, à l'aube de Pâques, protestants et catholiques se réunissent au monastère pour célébrer la résurrection du Seigneur et partager le petit déjeuner. 



"La Croix de Lumière"


Article écrit par DJvava