La vallée du Clain abrite l'église Sainte Radegonde, qui se situe en contrebas de la cathédrale. Moins ostentatoire que Notre Dame la Grande, elle conserve néanmoins sa signification par le fait qu'elle renferme le sépulcre de Radegonde, conjointe de Clothaire Ier, roi des Francs. Cette église, qui est un site de pèlerinage, dispose d'un chevet et d'un clocher-porche de style roman réunis par une nef de style gothique.
Le Clocher porche |
Initialement érigée au VIe siècle sous le nom de Sainte-Marie-hors-les-murs grâce à Sainte Radegonde de Poitiers, elle a été reconstruite au XIe siècle. L'édifice, cité au VIe siècle, était utilisé comme tombeau pour les religieuses de l'abbaye. À cette période, elle est désignée sous le titre de la Vierge et est connue sous le nom de « Sainte-Marie-hors-les-murs ». Elle a été érigée en dehors des fortifications pour des raisons liées à son usage funéraire. En effet, la muraille gallo-romaine, édifiée à la fin des IIIème et début des IVème siècles, se situait entre cette église et la cathédrale Saint-Pierre. Au cours de l'époque mérovingienne, il était d'usage romain d'effectuer des enterrements hors des murs pour causes sanitaires.
On observe en premier lieu le clocher-porche datant du XIème siècle. Cette tour de 33 mètres possède une fondation carrée répartie sur trois niveaux, avant de culminer avec un étage octogonal servant de campanile. Une corniche à modillons figurés sert de séparation entre les niveaux. Les baies en plein cintre (doublées au dernier niveau) sont encadrées, aux deux derniers niveaux, par des colonnes dotées de chapiteaux feuillus. Au cours du XVe siècle, un superbe portail sculpté de style gothique flamboyant fut ajouté au porche. L'ensemble est précédé d'un des rares parvis de justice encore existant, espace où le chapitre exerçait son autorité et où l'on peut encore observer les bancs et la chaire du juge.
On accède à l'église par le clocher-porche. Deux bas-reliefs romains représentant le Christ et Ste-Radegonde, issus de l'ancienne façade, sont situés de chaque côté de l'entrée. Il y a une grande différence entre le clocher-porche de style roman et la nef de style gothique : les architectes n'ont pas tenté d'harmoniser les deux, car la partie romane devait être démolie et substituée. La nef unique, sans transept ni collatéraux, est divisée en quatre travées qui s'élèvent sur deux niveaux et est ornée de voûtes bombées à la manière Plantagenêt, tout comme la cathédrale. Une corniche décorée de modillons sépare les deux niveaux. Trois arcades à colonnes et chapiteaux feuillus ou historiés ponctuent chaque travée. Les vitraux du niveau supérieur datent du XIIIème siècle et XIVème siècle.
La crypte
La petite salle funéraire est accessible par un escalier qui date du XIXe siècle. Il a remplacé deux petits escaliers latéraux. La salle est contournée par un déambulatoire à trois chapelles. Les parois de l'escalier sont ornés d'ex-voto. On trouve parmi ceux-ci, un ex-voto en latin donné par Anne d'Autriche : en 1649, alors qu'elle était régente du royaume de France, elle a rejoint la confrérie de la sainte établie six ans auparavant. En 1651, elle s'est rendue sur la tombe de la sainte pour prier en vue de la guérison de Louis XIV. Les dépouilles des compagnes et disciples de Sainte Radegonde, telles que Sainte Agnès, abbesse de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers, et Sainte Disciole, reposent dans les chapelles latérales.
Retrouvons le niveau de l'église : Le chevet bénéficie de la lumière provenant des ouvertures du déambulatoire et de son abside supérieure, qui sont d'environ cinquante ans plus récentes. Dans les plus anciennes églises romanes de Poitiers, on n'a pas osé éclairer directement le cœur du sanctuaire. La méthode a été instaurée à Saint-Savin et ici après l'an 1050. Il était nécessaire pour les chanoines d'avoir une bonne lumière pour lire dans le chœur.
L'élévation du centre de ce chœur offre une vue rapprochée des magnifiques chapiteaux et facilite l'appréciation du travail exécuté par les sculpteurs.
Au XIIIème siècle, le chœur fut orné de peintures consacrées à Sainte Radegonde. Celles-ci furent découvertes en 1836.
RADEGONDE (ca 520-587) : princesse thuringienne, elle est devenue reine des Francs en se mariant avec Clotaire Ier, le fils du roi Clovis. Face à son humilité remarquable et sa dévotion, elle a fui la cour royale pour s'établir à Poitiers. C'est là qu’elle créa l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers, dont elle devint une simple religieuse. Les églises catholique et orthodoxe la considèrent comme une sainte, et elle est célébrée le 13 août. Elle est la sainte patronne de Poitiers sainte vénérée à travers toute la province.
Ses obsèques ont eu lieu en présence de la grâce de Tours. Au cours des invasions normandes, son cadavre fut transféré à l'abbaye Saint-Benoît de Quinçay avant d'être renvoyée à Poitiers en 868. On lui attribue plusieurs miracles, en particulier des guérisons miraculeuses, ce qui séduit un grand nombre de pèlerins. Elle fut proclamée sainte peu après son décès. Elle est parmi les rares saints qui n'ont pas été canonisés par le Saint-Siège, mais plutôt par le culte public. En 1412, le duc de Berry inaugura son tombeau et découvre le cadavre de Radegonde tel qu'il fut enterré 820 ans auparavant. Il souhaitait détruire sa tête afin de la conduire jusqu'à la sainte chapelle de Bourges. Face à la colère des collaborateurs qui le soutenaient, il renonça à ce projet et se satisfaisait de son anneau nuptial.
Article écrit par DJvava