La légende de Saint-Carlais
C'est l'histoire de deux servantes de ferme qui se promettent d'aller ensemble, le lendemain, laver leur linge au lavoir de Saint-Carlais. Elles s'accordent pour être très tôt sur les lieux afin d'occuper les meilleures places, celles qui sont proches de la fontaine où l'eau est bien évidemment la plus claire.
La plus éloignée des jeunes filles doit appeler sa camarade au passage. Cette dernière, dans la nuit, entend un appel. Elle s'habille vivement et la voilà partie, portant son linge sur sa "courge", pièce de bois servant à cela. Elle se presse pour tenter de rattraper son amie. En arrivant au lavoir, elle constate avec terreur que la place est occupée, mais pas du tout par l'autre jeune fille qui, restée dans son lit !
C'est alors qu'elle aperçoit un être fantomatique vêtu de rouge, qui est là ... et cette apparition s'adresse à la pauvre servante effrayée :
"Guenille, guenillon
Prête moi ton savon
Pour savonner mes fonds
Si tu n'avais l'herbe d'armise*
Entre ta peau et ta chemise
Elle serait belle l'entreprise"
La servante, toute tremblante de peur se sauve et revient en courant à la ferme.
Mais, la pauvre jeune fille apeurée meurt juste après avoir conté sa rencontre peu banale.
armise : armoise, plante protectrice contre les maléfices
De Saint-Carlais, il ne reste plus que le lavoir (qui ne tarit jamais) et une atmosphère qui tient au lieu et à une légende. Accès au lavoir en suivant les fléchages ou les circuits de randonnées "Boisragon".
Le village
Le village de Saint-Carlais, se situait dans la vallée du Chambon. C'était un hameau de quelques maisons, autour d'une église, possédant une fontaine, un lavoir et un moulin.
D'après un document des archives départementales des Deux-Sèvres, on sait qu'en 1651, l'église de Saint-Carlais était en ruine et qu'elle était entourée d'un cimetière. Il semble qu'il n'y ait plus d'habitants dans cette vallée car le même document explique que toutes les maisons (sous-entendu habitées) de la paroisse de Saint-Carlais se trouvaient à Boisragon.
Tout ceci, serait également corroboré par une autre thèse qui assure que Saint-Carlais était ruiné en 1568, soit près d'un siècle plus tôt. Le "Journal de Michel et Guillaume Le Riche" attribue aux troupes de Pluviault (chef de guerre huguenot qui sévît dans la région) la destruction et l'incendie de Saint-Carlais.
Il est aussi possible que l'église et le village aient déjà été victimes de destructions en 1360, époque marquante de la "Guerre de Cent Ans" avec une poussée anglaise qui entraîna le retranchement de la population dans l'église de Brelou, fortifiée pour la circonstance.
En 1714, l'un des seigneurs de la famille des Chevalleau de Boisragon, devenu catholique, fit reconstruire à Boisragon l'église de Saint-Carlais. Celle-ci fût consacrée en 1728. Elle existe toujours, vendue comme bien national à la Révolution. Aujourd'hui, elle est utilisée comme bâtiment agricole.