La Flèche (72), ville du sourire

Durant notre séjour, nous avons été agréablement surprises par tous les "bonjours" et les "sourires" qui nous étaient adressés. Que ce soit dans les rues, les lieux visités ou même les magasins. Il fait bon s'y promener.

En dehors du zoo qui est un lieu incontournable, son patrimoine est exceptionnel. Voici quelques endroits que nous n'oublierons pas et qui valent le détour :

Château des Carmes - Mairie

De l'ancien château médiéval, il ne reste que l'ancien donjon édifié à partir de 1476 par René d'Alençon et qui domine encore le Loir. En 1620, Louis XIII donne les bâtiments en ruine aux religieux Carmes. Ils édifient alors un corps de logis et un cloître. Devenu propriété privée sous la Révolution, le château est acheté par la Ville en 1909. A la fin du 19ème siècle, le tiers de cette tour subsiste cantonnée par 2 tourelles de style néo-gothique. L'hôtel de ville, le musée municipal et la bibliothèque y voient le jour. En 1994, de nouveaux bâtiments sont construits sur pieux, rappelant les origines de La Flèche quand les maisons situées près du Loir étaient sur pilotis par 3 architectes. L'ensemble s'intègre dans un site encaissé entre le château, le Loir et le parc des Carmes, par un jeu de reflets et de transparence des surfaces vitrées, de fragmentation et de circulation entre les différents espaces. 

Les vitraux de L’église de Sainte Colombe

Une fois le porche d'entrée passé, un beau baptistère et une longue nef unique s'offre aux yeux du visiteur. Cette dernière est largement égayée par l'impressionnante fresque murale attribuée à l'artiste Louis Renouard représentant un chemin de croix. Il y a une magnifique voûte bleue étoilée.
Dans le cœur de l’église de Sainte-Colombe se trouve 3 magnifiques vitraux. Ils sont appelés « Espérance » « Charité » et « Foi ».

Pendant la guerre de 39-45, la Flèche a été bombardée et le chœur de l’église fut pulvérisé. L’abbé Bidault engagé dans la résistance pendant la guerre, décide de collecter des fonds pour remplacer les vitraux détruits. Il organise dans le parc du presbytère des kermesses. Deux vitraux ont été réalisés par l’atelier angevin Bordereau. Ils ont été inaugurés en 1948.

Un vitrail représente des prisonniers morts dans les camps, et l’abbé donnant les derniers sacrements. Parmi tous les déportés, seul deux sont revenus après la capitulation. 

Un autre vitrail représente la libération des camps

Et le dernier relate le martyr de Sainte Colombe. « Née en Espagne, d'une famille royale, la vierge Colombe fut touchée par la foi. En route pour la Gaule, assoiffée, elle obtint par la prière qu'une fontaine jaillît. Baptisée à Vienne en Dauphiné elle partit à Sens, où la religion chrétienne gagnait chaque jour de nouveaux adeptes. Là, en 274 l'empereur Aurélien la martyrisa sur le chemin qui conduit au village de Saligny, à la fontaine d'Azon entre les villages de Saint-Clément et de Saint-Denis. Un pèlerinage se déroulera désormais sur ces lieux dans une chapelle détruite plus tard par les révolutionnaires. »

De nombreux miracles sont accordés à Sainte Colombe : Aubertus, un prince aveugle d'une illustre famille, déposa du sang de la vierge sur ses yeux et recouvra la vue. En 1119, la sécheresse annonçait une immense famine quand son corps fut transporté à l'église Saint-Etienne, premier martyr. Après les prières, une grande pluie sauva le peuple de la famine. En 1142, une nouvelle basilique fut érigée. A la Révolution elle fut pillée et détruite et les reliques de la sainte furent déposées à la cathédrale de Sens. En 1851, le chanoine de La Rochelle construisit une châsse où ses reliques furent transportées le 28 août 1853.

La Chapelle Notre-Dame-des-Vertus et le cimetière Saint-Thomas
Edifiée à l'époque gallo-romaine, reconstruite aux 11ème et 12ème siècles, puis au 17ème siècle par les jésuites du collège royal devenu le Prytanée.
En 1944, pendant la seconde guerre mondiale, les vitraux sont soufflés par les bombardements alliés. À la libération, le conseil municipal finance leur restauration puis consolide le petit clocher. Et enfin, en 1993, la tombe des derniers descendants de Jérôme Le Royer de la Dauversière, inhumés à Crosmières, est transférée dans le petit cimetière devant l'entrée de la chapelle.
Les principaux éléments de décoration datent du 17ème siècle. Les plafonds sont recouverts d'une voûte lambrissée peinte. Un guerrier musulman est sculpté sur la porte d'entrée qui provient du château du verger (démantelé à Seiches) daté de la fin du 15ème siècle ainsi que plusieurs lambris sculptés.
Tout près de la Chapelle, le cimetière de Saint-Thomas qui a attisé notre curiosité. La Ville utilise pour les 4 cimetières qu'elle possède des méthodes alternatives pour gérer les espaces verts. Il s'agit d'une méthode naturelle : l'engazonnement contrôlé. Les sépultures des enfants et des jeunes élèves du collège royal nous ont particulièrement touchées, mais on a fini par trouver la sépulture insolite.
Nous n'avons pu visiter le Prytanée, car ce n'est possible qu'en été et à la journée du patrimoine. Mais, ce n'est pas grave car cette ville nous a remplies de plénitude. Elle est méconnue, elle vaut vraiment le détour. 

Un Fléchois est à l’origine de la future Montréal (72)

La ville de la Flèche compte de nombreux ronds-points très bien aménagés. Parmi l’un d’eux, le Canada y est représenté. Dans la ville de La Flèche, nous avons le «boulevard Montréal» et le «boulevard du Québec». À la mairie, qui est l’ancien château des Carmes, comme beaucoup de bâtiments rendent également hommage au Canada.

Pourquoi le Canada est-il si représenté ? Eh bien, ce n’est pas un hasard. Un homme en est à l’origine. Cet homme est Jérôme Le Royer de La Dauversière. Il est né à La Flèche, le 18 mars 1597. Le Royer de La Dauversière amorce ses études classiques au Collège des Jésuites de La Flèche. Il songe à entrer dans les ordres, mais la mort de son père, en 1619, l'amène à lui succéder comme receveur des tailles «taxe arbitraire prélevée par le seigneur sur ses paysans en échange de sa protection».

Jérôme Le Royer joue un rôle important dans la formation des premières sœurs et rédige d'ailleurs le premier chapitre des constitutions de la communauté. Avec l'appui de deux jésuites, l'abbé Meslan puis l'abbé Dubreuil, qui assurent leur enseignement, il exerce un rôle d'accompagnateur spirituel auprès des sœurs et notamment de Marie de La Ferre avec qui, il se lie d'amitié très forte. Il avait épousé, en 1621, Jeanne de Baugé.

L'idée d'établir une colonie au Canada s'impose à Jérôme Le Royer par une intuition mystique vers 1635 ou 1636. À l'instigation de Jérôme Le Royer de la Dauversière, les habitants et les religieuses ont participé à la conquête et à l'évangélisation du Québec, à partir du port Luneau de La Flèche à bord de fûtreaux, vers Nantes et La Rochelle.
Après deux mois de navigation, les premiers colons se rejoignent sur le Saint-Laurent au Québec. Le 18 mai 1642, ils fondent sur une pointe de terre au bord du fleuve Saint-Laurent « Ville-Marie » devenue depuis la métropole de Montréal. Le territoire du Vieux-Montréal actuel deviendra ainsi, tour à tour :
 ,;-  Ville fortifiée au XVIIIe siècle, sous contrôle français jusqu'en 1760, puis britannique.
-  Centre bourgeois de la ville au début du XIXe siècle, alors que Montréal s'affirme comme pivot
politique et commercial du Haut et du Bas-Canada.
-  Cœur de la métropole canadienne au début du XXe siècle, rayonnant depuis les sièges bancaires de
la rue Saint-Jacques.
-  Cité historique d'aujourd'hui, centre ancien et pourtant bien vivant de Montréal, grâce à la mise en valeur du quartier à partir des années 1960… Je m’arrête-là l’histoire de cette ville étant très riche et vaste.

Il est décédé à La Flèche, le 6 novembre 1659.

Un buste de Jérôme Le Royer, est à l'entrée du parc des Carmes de La Flèche, ainsi qu’un vitrail dans
l’église de Saint-Thomas. La tombe de la famille à Crosmières étant à l’abandon et en accord avec la
famille, la commune de la Flèche a décidé de la sauver et la mettre à côté de la chapelle de Notre Dame
des Vertus.


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