Le Saulce-d'Island (89)


Lors de nos vadrouilles entre St Père et Avallon, un panneau routier a rapidement attiré notre attention.
Celui-ci indiquait "Chapelle des templiers" - prendre rendez-vous pour visiter. Aucune autre indication.
Il ne nous a pas fallu longtemps pour nous lancer dans l'aventure. Bravant un deuxième panneau "Interdiction d'entrer, propriété privée", nous avons emprunté un chemin de cailloux essayant d'apercevoir ce que nous recherchions. Un bois s'est présenté à nous et enfin nous l'apercevons. Après avoir sonner à une porte voisine, une personne nous autorise à pénétrer sur la terre et bien que nous n'ayons pas pu y entrer, nous y avons passé un moment inoubliable.

Ce bâtiment est dédié à Saint Eustache. Ce domaine s'étalait autrefois jusqu'au village voisin de Tharoiseau. Un village perché sur une colline d'où l'on pouvait apercevoir depuis St Père, un château sur son flan.

Proches de la règle de Saint Benoît, les Templiers construisaient sobre mais pas sans harmonie, et cette chapelle est bien dans cet esprit. D'une dimension de 24 mètres sur 8,50 mètres, c'est surtout la hauteur du bâtiment qui fait son élégance (17 mètres sous la voûte). Le portail s'ouvre sur la façade à pignon soutenue à gauche par un contrefort et à droite par la tour d'angle à meurtrières qui cache l'escalier menant à la charpente. Le tympan porte une sculpture endommagée d'une vierge à l'enfant entre deux personnages agenouillés et barbus (certainement des Templiers).




Il faut imaginer un grand ensemble de bâtiments agricoles et viticoles (granges, étables, bergeries...), des dépendances diverses (armurerie, remises, ateliers) qui complétaient les dortoirs et réfectoires des moines. Sa construction remonte vers 1209. Leurs activités de protection des pèlerins devaient certainement rendre les routes plus sûres et les Templiers ont été amené à adapter leurs constructions.

A la suite de leur disgrâce au début du 14ème siècle, leurs bâtiments seront confiés aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, installés eux à Pontaubert, tout près de là. Victime des guerres de Religion, la chapelle sera incendiée en 1569 et sera reconstruite par le commandeur des Hospitaliers. Peu à peu, les lieux ne seront plus habités par les moines et les bâtiments disparaîtront.

Vendue comme bien public, elle deviendra une étable sous Louis-Philippe.
Les vaches y ont logé

Depuis, elle est devenue une résidence privée, habitée à certaines occasions. Les occupants l'ont entièrement rénovée, avec un respect évident. A l'intérieur, un aménagement a été réalisé de manière non destructive et démontable pour préserver ce monument historique (en 1960).


Autour de la chapelle, règne un profond respect des lieux.












Joigny (89) "Ville et Pays d'arts et d'histoire"


Fondée en 996 comme en atteste ce pavage posé pour ses 1000 ans d'existence, Joigny est une ville bien agréable à visiter.


L'époque médiévale ne dénote pas parmi les constructions modernes. Comme beaucoup de villes ou villages bourguignons, les vieux quartiers sont souvent implantés sur des hauteurs. Joigny n'échappe pas à la règle, et les quelques marches existantes de chaque côté de la rue Gabriel Cortel, sont les bienvenues pour faire une pause.

On visualise d'abord le pont aux vastes arches solidement campées dans la rivière.


Comme une invitation à la flânerie, le Centre historique de Joigny s'étage sur la rive droite de l'Yonne (un affluent gauche de la Seine). On emprunte les ruelles étroites et tortueuses pour découvrir les 3 quartiers historiques blottis autour de leurs églises respectives :
- Saint-Jean et ses maisons à pans de bois si typiques
- Saint-Thibault autrefois dédié aux artisans et marchands
- Saint-André, quartier vigneron avec ses ruelles pavées
Et d'élégantes façades Renaissance tel le Château des Gondi qui surplombe la ville ou la Chapelle des Ferrand.

Nous avons découvert :

Dans le Quartier Saint-Thibault


La maison de l'Arbre de Jessé (16ème siècle)
Construite à l'angle de la rue Gabriel Cortel, elle présente une remarquable façade. Les montants en bois représentent la généalogie du Christ comme évoqué dans l'évangile de Saint-Mathieu : Jessé, endormi, rêve d'un arbre jaillissant de son corps et sur les branches apparait la parenté du Christ et au sommet la Vierge et l'Enfant Jésus.
Ce thème religieux est très rarement exploité sur un édifice civil. Cette maison fait partie des 3 seules maisons en France avec un arbre de Jessé.




La maison du Pilori (16ème siècle)
C'est la maison à pans de bois au décor le plus riche de la Ville. Elle possède une façade ornée de céramiques (carreaux émaillés verts, bleus et jaunes) et de piliers sculptés (St François d'Assise, St Martin et St Jean-Baptiste y sont représentés).
Elle a été restaurée en 1970




L'église Saint-Thibault
De style gothique renaissance, elle a été édifiée entre 1490 et 1529. Elle est dominée par une tour carrée couronnée d'un campanile. Une belle statue équestre de Saint-Thibault (oeuvre de Jean de Joigny) orne le portail latéral.
L'intérieur renferme un riche patrimoine (peintures, sculptures)
L'orgue Daublaine-Collinet, installé en 1842, a été restauré en 1986













Dans le Quartier Saint-Jean

L'église Saint-Jean, qui était malheureusement fermée. Nous pouvons quand même vous en toucher quelques mots. Près du château des Gondi, elle domine toute la ville. Incendiée en 1530, elle a été reconstruite au 16ème siècle, achevée en 1596 par l'architecte jovinien Jean Chéreau.
La voûte de la nef serait remarquable ainsi que le sépulcre de marbre blanc et le tombeau de la comtesse Adélaïs de Joigny, décédée en 1187




Le Château des Gondi
Bâti entre 1569 et 1613, il a succédé à plusieurs châteaux construits sur le même emplacement. Jean Chéreau, fut un des maîtres d'oeuvre, réalisant un bel édifice renaissance.
Le corps de logis et le pavillon d'angle offrent un décor riche, suivant l'évolution de l'architecture entre le 16ème et le 17ème siècle.
Proche de l'église Saint-Jean, il domine également toute la ville.
Il a été restaurée à la fin du 20ème siècle et ne se visite pas.

 



Dans le Quartier Saint-André

L'église Saint-André
Au coeur de l'ancien quartier vigneron, elle a succédé à celle du prieuré Notre-Dame, fondé en 1080 par le Comte de Joigny.
Construite du 14ème au 16ème siècle, elle possède un remarquable portail avec une frise représentant le jugement et le martyr de Saint-André





La Chapelle des Ferrand
Seul vestige de l'ancien cimetière, cette chapelle sépulcrale est édifiée au début du 16ème siècle à la demande de Jean Ferrand, grand archidiacre de Sens.
Elle est devenue une dépendance du Palais de justice au 19ème siècle.
De forme octogonale, elle est ornée de beaux éléments de décoration : pilastres, inscriptions et personnages évoquant la mort et la résurrection






L'Hôtel de Guidotti
Situé au 12 rue Dominique Grenet, cet hôtel fut construit en 1610 à la demande de Louis de Guidotti, Gouverneur du Comté. Caché derrière son portail encadré de 2 tourelles "en poivrière", le bâtiment central, après restauration, a gardé son caractère original du 17ème siècle.
Dans la maison adjacente, côté droit, Saint-Vincent-de-Paul aurait séjourné, alors qu'il était précepteur des enfants de Philippe Emmanuel de Gondi, Comte de Joigny.


La maison du Bailli (16ème siècle)
Le Bailli est le représentant d'une autorité sur un territoire. Cette maison a été restaurée au début du 20ème siècle par l'abbé Vignot, puis par les Monuments historiques après les bombardements de 1940.
Elle présente des pans de bois sculptés d'éléments végétaux sur 2 façades. Il faut également remarquer le léger encorbellement de l'étage.
Selon une tradition, le bailly y rendait justice.
Cette maison abrite aujourd'hui le service Animation du Patrimoine.



Un homme, un lieu :
Marcel Aymé est né Joigny. Souvent, il y reviendra et évoquera la cité dans sa correspondance. L'auteur des Contes du chat perché logeait dans le quartier Saint-André




Une journée et nous n'avons pas tout vu. Il en reste encore pas mal à découvrir.

Pour finir, voici quelques photos prises au hasard des rues.