Saint-Germain-des-Prés, la nécropole des rois mérovingiens.
Avant l'abbatiale de Saint-Denis et jusqu'au roi Dagobert, l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés était la nécropole royale des rois mérovingiens (VIème et VIIème siècles). Plusieurs souverains de la première dynastie et leurs conjointes y trouvèrent leur dernière demeure.
Un peu d'histoire
Avant d’être l’endroit fourmillant de commerces et de café que l’on connait, le quartier de Saint-Germain-des-Près fut un simple bourg, bien loin du luxueux quartier d’aujourd’hui. Son histoire a commencé autour de l’abbaye Saint Vincent, en 543. Le lieu de culte a été fondé par Childebert 1er, fils de Clovis, sur les directives de l’évêque Germain. Le domaine se situait sur la rive gauche de la Seine, sur le territoire actuel des 6ème et 7ème arrondissements.
Ce ne fut alors qu’une toute petite communauté agglomérée autour de l’abbaye Saint-Vincent. Le bourg Saint-Germain était constitué d’environ 600 habitants.
À la mort de l’évêque Germain le 28 mai 576, l’église a été rebaptisée en église Saint Germain des Prés. Celui-ci fut enterré sous un portique de l'église, et plusieurs miracles furent revendiqués pour ce site. Et ce fut la naissance du quartier Saint Germain des Près, qui se crée autour de l’église.
Il a été canonisé par l'Église en l'an 734 (fête le 28 mai).
En 754, le pape Étienne II l'a canonisé sous l'appellation de saint Germain de Paris. En 756, Saint Germain et ses reliques furent déplacés à l'intérieur de la basilique, établissant ainsi de manière informelle que cette dernière était associée à saint Germain. L'appellation « des Prés » fait référence aux prairies inondées situées sur la rive sud de la Seine durant cette période.
L'Europe aurait été tout autre, si Charlemagne n'était pas monté au pouvoir en 768. Il est important de noter que ceux qui le considèrent comme français, avait établi sa capitale à Aix-la-Chapelle (située dans l'actuelle Allemagne) plutôt qu'à Paris. La prétendue unité de l'Europe sous Charlemagne s'est évanouie avec sa mort en 814. La montée de la guerre civile entre les partisans de divers descendants de Charlemagne a laissé l'Europe vulnérable face à l'expansion viking au IXème siècle.
L'abbaye, largement et richement dotée de terres à cette période est assaillie à plusieurs reprises par les Normands dès 845, puis en 856 et n'est sauvée du saccage que contre le paiement d'une importante rançon. Mais en 861, un incendie détruit l'abbatiale. Restaurée en 869, elle est à nouveau occupée par ceux-ci lors du siège de Paris (885-887), dont le déroulement nous est connu par le récit qu'en fit un moine de l'abbaye, Abbon de Saint-Germain-des-Prés. Les bâtiments sont pillés, saccagés, puis brûlés, marquant la destruction de l'œuvre de Childebert. Les reliques de Saint-Germain, mises plusieurs fois à l'abri des murailles de Paris, retrouvent leur place en 888.
Aux alentours de 1140, le chœur semble trop étroit. L'abbé Hugues, ex-moine de l'abbaye de Saint-Denis, fait démolir le chœur afin d'être remplacé par une structure nettement plus spacieuse, plus étendue et plus profonde. L'achèvement des travaux est probablement effectué une dizaine d'années après le début, qui a vraisemblablement eu lieu en 1145.....
A la révolution
Cependant, la Révolution entraîne l'élimination complète des abbayes et pour Saint-Germain-des-Prés, sa dissolution a lieu le 13 février 1792. En 1793, le réfectoire est utilisé comme dépôt de poudre et dans la nuit du 19 août 1794, une détonation suivie d'un incendie détruit quasiment l'ensemble de l'abbaye, ne laissant indemnes que le palais abbatial et l'église qui s'est transformée en raffinerie de salpêtre en février 1794. En 1802, les dommages infligés à cette église paraissaient avoir scellé son sort. Cependant, elle fut malgré tout rouverte au culte en 1803. Depuis cette époque, l'église est uniquement de la nature paroissiale. En 1820, sous l’impulsion de l’architecte Étienne-Hippolyte Godde, la décision est prise de conserver le chœur et de restaurer la nef, mais les deux tours, devenues trop instables de par leur charge et surtout trop coûteuses à reconstruire, disparaîtront à cette occasion. De 1821 à 1854, l'église, qui avait été fortement éprouvée durant la période révolutionnaire, a été réhabilitée. Selon la liste de 1862, elle est classée comme monument historique, tandis que les restes de l'abbaye sont déclarés inscrits par le décret du 26 octobre 1953. L'église Saint-Germain-des-Prés est la plus ancienne de toutes les grandes églises de Paris.
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Reproduction de Adolphe Berty |
L'ancienne basilique mérovingienne est détruite en l'an 990 sur ordre du nouvel abbé Morard, qui donne le coup d'envoi à la construction de l'édifice actuel. Il l'équipe d'un imposant clocher fortifié, appelé clocher-porche, dont la finition se situe probablement autour de 1014 (la paroisse a d'ailleurs célébré son millénaire avec éclat).
A l'époque, l'église abbatiale était accompagnée de deux tours supplémentaires, adjacentes au transept et au chœur. La tour du sud, plus élevée que le clocher-porche, portait le nom de Turris magna grande tour), tandis que celle du nord était logiquement appelée Turris parvus (petite tour).
L'aspect de l'église à l'époque était donc totalement différent de celui qu'elle a aujourd'hui, et d'après les rares croquis d'Alexandre Lenoir qui ont survécu (reproduits plus haut par Adolphe Berty dans sa Topographie historique du vieux Paris, 1876), l'harmonie architecturale de l'édifice était splendide.
Tour nord arasée |
Malgré les transformations au fil du temps, Saint-Germain-des-Prés a gardé les éléments d'origine qui lui confèrent un aspect roman indéniable. C'est l'une des rares églises de Paris à pouvoir se rattacher au style roman.
Saint-Germain-des-Prés est l’un des édifices cultuels les plus anciens de Paris, exceptionnel du point de vue de son histoire, de son architecture et de la richesse des œuvres qu’il abrite. La Ville de Paris a mené une opération de restauration de 2015 à 2020, visant à corriger les altérations et à l’état d’encrassement des décors intérieurs de l’édifice.
Le chœur
L'essentiel du chœur est le fruit d'une seule campagne de construction, initiée en 1145 par l'abbé Hugues de Saint-Denis, qui a été élu en 1116 et qui est décédé en 1146. Le chœur des Moines de l'église Saint-Germain-des-Prés, complètement rénové, se dévoile une fois de plus aux visiteurs.
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